
Des élèves sportifs sensibilisés aux phénomènes de harcèlement
De gauche à droite : Axel, Audran, Jessy, Julia, Jean et Valentine.
Jeudi 8 mars, plusieurs de nos élèves internes de sections sportives étaient présents au CREPS pour une sensibilisation aux problématiques du harcèlement et autres formes de mesures d’intimidation en milieu sportif.
Cette initiative s’explique par la volonté du groupe de pilotage des Sections sportives scolaire (SSS) du rectorat de traduire auprès des élèves sportifs la politique académique de lutte contre le harcèlement développée depuis la rentrée 2016. Ce « séminaire de bonne conduite » suit de quelques jours l'intervention du ministre Jean-Michel Blanquer au lycée Carnot de Dijon, consacrée au harcèlement scolaire.
Pour l’occasion, le groupe avait invité des élèves des sections sportives avec internat de l’académie.* Deux élèves footballeurs – Axel Thoumin et Audran Ruiz – ainsi que quatre rugby(wo)men – Valentine Touchard, Julia Visinoni, Jessy Maizier, Jean Denechau – avaient la tâche de représenter leurs camarades en parcours sport études et le lycée Hippolyte-Fontaine.
Cette sensibilisation s’inscrivait également dans le cadre du « troisième projet » - l’enjeu citoyen-, complétant les volets sportif et scolaire, qui se propose de former des citoyens responsables, facilitant leur insertion dans la société et le monde professionnel.**
Fabrice Bertrand, IA-IPR EPS, a introduit la journée en présentant les tristes chiffres d’un phénomène inquiétant : 4,5 % des lycéens français sont harcelés ou subissent des actes d’intimidation au quotidien ; 400 cas sont enregistrés chaque année dans l’académie de Dijon.*** Les conséquences traumatiques sont bien connues, qui peuvent survenir dès les faits, ou se réveiller plusieurs années après, et gravement perturber les performances scolaires, sociales, sportives, et au-delà impacter la vie affective et professionnelle.
A sa suite, André Canvel, inspecteur général EPS, expert dans le domaine de la violence en milieu scolaire,**** a insisté sur les trois valeurs de l’olympisme moderne post-coubertin, que sont l’excellence, l’amitié et le respect, et comment les traduire au quotidien, dans les parcours scolaires et sportifs.
Les intervenants ont projeté plusieurs films mettant en scène des situations d’intimidation, présentant certaines caractéristiques : les incidents surviennent hors présence d’adulte, souvent dans les vestiaires ; ils peuvent prendre toutes les formes, intimidation, humiliation, violence. Et bénéficier du relais des réseaux sociaux qui ne connaissent aucune limite de temps ou de distance.
M. Canvel établit un constat nuancé du concept d’ « autonomie » mis en avant par les lycées, qu’il souhaite transformer en « accompagnement », et de l’importance du « rôle de l’adulte – qui mériterait d’être un peu plus présent dans le quotidien [de l’élève et du sportif], à côté, avec – en bref, de procurer une présence rassurante ». L’inspecteur général formule le vœu que la communauté adulte apprenne aux élèves « à voir les points forts de l’autre, plutôt que ses vulnérabilités et ses faiblesses ».
Benoît Clair, délégué académique à la vie lycéenne, a su faire participer les élèves à un échange libre où ces derniers ont voulu faire la différence entre bizutage, harcèlement et rituels d’intégration ou « baptêmes ». Ces derniers sont des passages nécessaires pour intégrer un groupe – une section sportive – et procure un sentiment d’appartenance à un collectif au sens que ces élèves vont vivre ensemble, travailler ensemble, évoluer sportivement ensemble. Toute la difficulté est de ne pas dépasser certaines limites, de bien en définir les « règles ». Les jeunes sportifs et les intervenants concluent : « Ne jamais imposer de rituel si l’individu ne le veut pas ; que le groupe – et pas seulement quelques personnes – définisse les règles et en cas de refus, l’accepte et n’en tire pas de conséquence ». Les élèves du rugby évoquent un « passage obligé mais accepté », bien codifié, en début d’année scolaire, mais également des soirées d’intégration et des stages de cohésion mis en place par les formations sportives, avant la rentrée scolaire.
L’après-midi a vu les élèves se répartir en ateliers de réflexion. L’internat, un « lieu d’identité forte », où le besoin d’appartenance à un collectif est également très important, a fait l’objet de nombreuses remarques constructives. M. Bertrand a rappelé que le groupe de pilotage rectoral a proposé aux établissements une charte de bonne conduite des élèves sportifs inscrits à l’internat.*****
Les élèves, mettant leur qualité de sportif de côté, décrivent un milieu confiné, propice aux incidents en début d’année. Ils évoquent l’initiative des surveillants d’internat de réunir informellement les internes par dortoir afin de « briser la glace et de créer du lien ». Ils souhaitent que les adultes soient disponibles, à l’écoute… tout en faisant davantage confiance à leurs coachs et leurs camarades. Ils soulignent le rôle des « troisième année », lesquels vont les aider à s’intégrer, et à mener des actions de sensibilisation : « Cela nous touche plus quand c’est un jeune qui nous parle », d’où l’idée d’officialiser des « relais de confiance » par les « anciens » et des formations par les pairs.
A la fin de la journée, les élèves ont reçu leur attestation d'ambassadeur du code de bonne conduite dans les sections sportives. Nul doute que les six représentants des sections sportives du lycée sauront devenir des relais de confiance, d'information et de conseil pour leurs futurs camarades.
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* Dans l’académie de Dijon, les sections sportives scolaire totalisent 550 élèves internes.
** Ces notions héritées du haut-niveau sont de plus en plus déclinées aux sections sportives scolaires.
*** Un n° vert dédié aux phénomènes de harcèlement et mesures d’intimidation a été mis en place depuis 2012 : le 3020
**** André Canvel a été délégué ministériel chargé de la prévention et la lutte contre le harcèlement en milieu scolairescolaire de 2015 à 2017.
***** Cette charte, intitulée « A chacun son sport, ensemble soyons sport » a été annexée au règlement spécifique des élèves sportifs dans le livret internat :